La mort d’un bureaucrate

Tomás Gutiérrez Alea | fiction | Cuba | 1966 | 110 min
Un ouvrier cubain émérite meurt broyé par sa machine à fabriquer des bustes mortuaires. Selon ses voeux, on l’enterre avec son livret de travail. Malheureusement, sa veuve, pour recevoir sa pension, est obligée de fournir ce fameux livret. Le neveu du défunt entreprend alors les démarches nécessaires pour le récupérer.

Tomás Gutiérrez Alea (1928-1996) est sans doute le plus doué des cinéastes cubains, toutes générations confondues. Son audace formelle et thématique, sa subtilité narrative, son sens inné de la mise en scène et de la caméra le placent parmi les grands du septième art à Cuba et en Amérique latine. Mémoires du sous-développement, considéré comme son chef d’oeuvre est un document terrible de lucidité d’un homme déjà quelque peu désabusé par la Révolution et qui doit absolument être vu… Mort d’un bureaucrate est une comédie satirique désopilante qui part en guerre contre la caste administrative du gouvernement cubain (et de bien d’autres…) en 1966.
Le film est également un hommage au burlesque : Laurel et Hardy, Harold Lloyd, Buster Keaton. On y trouve aussi des citations tirées du cinéma italien (auprès duquel il se forma dans les années 50 à Cinecittá) avec « Totó », du costumbrisme noir et amer du cinéaste espagnol Luís García Berlanga ou du réalisme social des premiers films d’Elia Kazan. Quand l’absurde et le désopilant en disent bien plus long à l’image qu’un long discours critique, et quand on pense qu’aujourd’hui, la situation n’a quasiment pas changé…

Précédé d’une lecture de textes de Nicolás Guillén par Diego Ruiz Marmolejo
Suivi d’un débat animé par Sébastien Pruvost, chercheur en cinéma cubain

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