Images de Prison

De quelle façon a-t-on représenté la prison en cent ans d’histoire du cinéma? Quelles sont les images produites par la prison elle-même avec les caméras de contrôle et les vidéos didactiques pour le personnel de surveillance? L’établissement  pénitentiaire semble être, dans le film de Farocki, un laboratoire anthropologique, dans lequel on étudie la vie et la mort à travers l’oeil de la caméra.

Suivi d’une discussion autour de la représentation de la prison et surtout des personnes détenues.

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le site du réalisateur : http://www.farocki-film.de/

Extrait d’interview

« Hors Champ [André Habib] : Dans les prisons [le film Images de prison, l’installation Je croyais voir des condamnés, est-ce que la situation était différente ?

Harun Farocki : Bien sûr, avec ces gens c’était différent. À l’exception de ces gens qui travaillent pour les mouvements des droits civiques, qui sont vraiment intéressants. Tous ces gardiens de prison ou les directeurs de ces institutions sont horribles. C’est terrible de devoir passer du temps avec eux.

HC [AH] : La prison est aussi une usine, au sens négatif du terme. C’est d’ailleurs le sens du titre de l’installation, qui reprend la phrase du personnage d’Ingrid Bergman dans Europa 51, qui en sortant de l’usine dit « Je croyais voir des condamnés ». Vous montrez bien que la prison est aussi une usine. Cette idée de la prison et de l’usine est aussi reprise par Godard, notamment dans sa série télé France/tour/détour/deux/enfants [1974-1975]. Vous montrez bien que la prison fonctionne comme une compagnie ou une usine.

HF : Oui, c’est comme lorsque dans les écoles on milite pour avoir les derniers modèles d’ordinateurs, sans quoi le système d’éducation s’écroulera. Je ne sais pas si c’est une question si essentielle. Une bonne vieille grammaire grecque peut aussi faire l’affaire. Mais voilà, c’est la même chose. On croit qu’avec l’équipement dernier cri les prisons sont plus efficaces. »