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We want sex equality

Nigel Cole | fiction | UK | 2011 | 93 min

Réjouissante comédie sociale tirée de faits réels, le film raconte comment une poignée d’ouvrières acquit la parité salariale. Au printemps 1968, en Angleterre, Rita O’Grady est la chef de file d’un mouvement d’ouvrières des usines Ford qui revendique l’égalité des salaires entre hommes et femmes. Avec courage et dignité, ces femmes vont mener un dur combat, qui conduira à l’avènement de la loi sur la parité salariale.

Suivi d’une rencontre sur l’égalité professionnelle et salariale avec Myriam Vaudet-Laisne, déléguée régionale aux Droits des Femmes et à l’Egalité et Guillaume Flament, syndicaliste CGT de l’Union Locale de Lille


Piquets de grève, luttes syndicales, solidarité ouvrière… Voici une histoire comme le cinéma anglais des trente dernières années les aime… Deux éléments distinguent toutefois We want sex equality des Virtuoses, Billy Elliot et autres Navigators : en se plaçant non au temps du thatchérisme triomphant, de la cure de libéralisme et de la désindustrialisation, mais en 1968 sous le gouvernement travailliste d’Harold Wilson, c’est non pas une défaite mais une « victoire » ouvrière qu’elle relate ; et, comme nous le rappelle opportunément la sortie du film le lendemain de la Journée de la femme, cette victoire est autant sociétale que salariale. La revendication des héroïnes de We want sex equality c’est en effet l’égalité salariale : dans l’usine de Dagenham, véritable « forteresse ouvrière » (comme le fut Renault à Billancourt) avec ses 30 000 salariés, la centaine d’ouvrières de l’atelier confection (qui cousent les sièges des modèles assemblés à la chaîne) font figure de dernière roue du carrosse Ford. Payée près de 15 % que leurs collègues masculins, elles se voient de plus déclassés dans la nouvelle grille salariale, qui ne reconnaît plus leur statut d’ouvrières qualifiées. C’est la goutte qui va faire déborder le vase de la contestation et déclencher un mouvement qui dépassera aussi bien la direction de Ford que les syndicats et le pouvoir politique. S’étendant à d’autres usines en ce printemps 68, relayée par les médias (qui comparent les ouvrières aux suffragettes et leur donnent le surnom de petticoat army), la lutte aboutira, sous l’égide de la ministre Barbara Castle (elle-même pionnière en matière de parité), à l’equal pay act (1970) qui fixe dans la loi l’objectif d’égalité salariale.